Quand le réalisateur des « Beaux Gosses » part dans un délire ubuesque

Note : 2.5/5

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Jacky au royaume des filles de Riad Sattouf (2014)

Entre la BD et le storyboard il n’y a qu’un pas à franchir, mais passer du support papier à l’écran n’est finalement pas aussi simple. Marjane Satrapi et Joann Sfar, eux, ont su franchir le cap du papier à la caméra. Maîtres de la narration, ils ont eu l’avantage d’un regard neuf sur les plateaux de tournage. Non issus des écoles de cinéma mais ayant suivi des études d’arts (Arts-Déco et Beaux-Arts), ils ont su trouver des mécanismes inspirés pour traduire leur univers graphique au travers du film d’animation (Persépolis ; Le Chat du Rabin) jusqu’à l’intégration d’éléments en images de synthèse (Poulet aux Prunes ; Gainsbourg, vie héroïque). Pour ces auteurs-dessinateurs issus de la maison d’édition indépendante L’Association, l’adaptation cinéma procure, semble t-il, une intense jubilation : rendre encore plus vivantes leurs histoires, et faire appel à de nouveaux champs d’expérimentation et de création. Et c’est dans cet objectif que Riad Sattouf prend la caméra pour créer des univers inédits et démentiels. Avec son premier film Les Beaux gosses, inspiré de son expérience relatée dans sa trilogie BD Retour au Collège, Riad Sattouf maintient sa popularité auprès d’un public jeune et adolescent. Avec leur crétinerie niaise et dans leur réalité crue, les personnages de BD de Riad Sattouf sont plutôt attachants… ses personnages filmés le sont un peu moins.

Le propos : les habitants de Bubune vivent dans une dictature où les codes de représentation sociaux traditionnels féminin/masculin sont inversés (les hommes sont voilés et les femmes sont des militaires au pouvoir). Jacky, habitant un village-bidonville est un pauvre jeune homme insignifiant. Il rêve de se marier avec la grande Colonel et décide d’aller à la cérémonie de fiançaille pour tenter sa chance.

Bande annonce officielle ici : http://www.youtube.com/watch?v=5g3jqfArzQ4

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Derrière la caméra, Riad Sattouf maîtrise assez bien ses acteurs fétiches. En effet, Vincent Lacoste s’en sort parfaitement bien dans le rôle principal, et arrive à attirer la compassion des spectateurs sur son triste sort, comme pour le personnage Cendrillon.  Charlotte Gainsbourg, quant à elle, habite son personnage et lui donne des d’émotions là où on ne s’y attendait pas. Défi réussi donc pour le duo d’acteurs.  La déférence que le réalisateur porte aux autres acteurs secondaires (Didier Bourdon, Noémie Lovsky, Anémone…) se ressent dans leur jeu qui semble moins encadré, et du coup moins crédible…

Ce qui marche bien : reprise des clichés des films d’anticipation sur les régimes totalitaires (contrôle des denrées, milice armée, idoles). Histoire de Cendrillon respectée. Duo d’acteurs.

Ce qui ne marche pas :  acteurs secondaires qui s’amusent mais pas sérieux (film français). Contraste entre scènes brutales et ton humoristique (malaise).

Lizu