Midnight Special, l’ovni de 2016 !

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Une voiture roule pleins gaz dans la nuit, les phares éteints. « Tu peux fermer ta lampe Alton ? » Clap. Noir complet. Assis devant Alton, son père Roy et son ami Lucas sont stressés. Ils semblent fuir quelque chose ou quelqu’un… Le décor est planté. Musique. Si l’histoire n’est en rien comparable à Interstellar, on retrouve là l’ambiance du chef d’œuvre de Christopher Nolan. Images léchées, plans plus splendides les uns que les autres, côté mystique… Nul doute, ce « Midnight Special » a effectivement quelque chose de spécial.

La difficulté de faire une chronique sur ce film est qu’on a envie à la fois de tout vous raconter mais qu’on ne sait quoi vous raconter. Par où commencer sans trop vous spoiler. Pour faire simple, ce long métrage retrace l’histoire d’une chasse à l’homme ou plutôt d’une chasse au gamin (Alton). Le petit garçon est doté de pouvoirs spéciaux qui inquiètent les plus hautes autorités et qui fascinent les fanatiques religieux. Il lui reste trois jours pour se rendre dans un lieu précis. Mais pour quoi faire ?

En écrivant cet article, je réécoute la bande originale, musique extraordinaire de David Wingo. Tout comme certaines séquences du film, elle vous donne la chair de poule et vous laisse là, bouche bée.

Attention, si vous vous attendez à un film bourré d’effets spéciaux, en mode fin du monde, vous serez déçus. En revanche, si vous y allez comme moi sans aucun a priori, vous allez prendre une sacrée claque.

Qui es-tu Jeff Nichols ? Après avoir réalisé Take Shelter et Mud, tu viens d’inscrire ton nom dans la lignée des grands réalisateurs des années 2000. Côté premier rôle, Michael Shannon (le père, Roy) a une tête de méchant. À coup sûr, il a été embauché dans sa jeunesse pour interpréter les malfrats, tandis que Joel Edgerton a déjà été aperçu dans Exodus de Ridley Scott ou le récent Jane got a Gun, avec Natalie Portman. Le petit Alton, lui, crève l’écran. Espérons pour lui qu’il ne connaisse pas la même carrière que l’enfant star d’Hollywood, Haley Joel Osment, vu dans Sixième sens et Forrest Gump, disparu des radars aujourd’hui. Côté second rôle, il est très plaisant de voir Kirsten Dunst, mademoiselle Spiderman, et Adam Driver, alias Kylo Ren, le petit-fils de Dark Vador himself. Bref. Foncez voir ce petit bijou S.-F. de Jeff Nichols. Le vrai ovni de ce début d’année cinéma.

Fab

Une ère de déjà-vu

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Jurassic World

Note : 6,5/10

 

Je ne sais pas vous mais pour moi, en tant que cinéphile acharné, 2015 est l’année la plus excitante cinématographiquement parlant de ce 21e siècle (derrière le popotin de Thor, OK on se calme les filles…).
Tandis que Daniel Craig #007, Chewbacca #cousinmachin et Ian Solo #bogossaprès70answhatelse nous attendent en décembre (« Indyyyy fais péter ton slip ». J’ai dit on se calme. Mademoiselle posez ce fouet tout de suite !), le T-rex m’attendait aux Halles en ce dimanche après-midi. Évidemment en 3D, histoire de voir ce qu’il avait dans le bide…
Alors quand le pitch, m’apprend que les chercheurs du parc ont mis au point un dinosaure mutant, mélange de Sangoku et de Végéta, j’ai tout de suite craint le pire. Fort heureusement, la nostalgie (hommage permanent à l’œuvre de Spielberg) et le joli minois de Brice Dallas Howard ont fait le reste. Rassurez-vous les filles, Chris Pratt en dresseur de Raptors et en marcel plein de cambouis, c’est pas mal non plus…

J’aime/J’aime pas. Mageek fait le bilan.


J’aime :

3,2,1 action !
La 3D est le petit plus dont n’avait pas pu bénéficier notre ami Steven. Coup de mâchoire par ci, coup de griffe par là, non il ne s’agit pas là de la dernière production de Jacquie et Michel version sadomazoophile. On en prend plein la vue et c’est ce qu’on demande principalement à un film pop « cornes ».

Nostalgiiiiiiiiie
Ce film rend hommage au premier opus réalisé il y a plus de 20 ans par Steven himself. Les références sont nombreuses (même « RUUUUUUUUN ! », même méchant rondouillard, et mêmes plans avec le T-rex sur le côté qui vous hume avec ses narines). Manquerait plus que la 4D avec un léger mistral à l’odeur de putréfaction et on s’y croirait. Remarquez, pour cela il vous suffit de regarder tous les soirs France 3, à 20h10. #Onesttellementriensansellequ’onsoitnoiroublanc

Les acteurs
Inconnu à mes yeux il y a encore un an, Chris Pratt est en train de devenir un de mes petits chouchous. Celui qui se permet de danser en mode « zéééééééépoo » dans une scène mythique des Gardiens de la galaxie donne un coup de jeune à la franchise. Brice Dallas Howard, déjà aperçue dans Terminator Renaissance et Le Village campe quant à elle la tantine. Manageuse du parc hypraconnectée, elle passe plus de temps à suivre ses followers que ses propres neveux. Nous, en tout cas, on ne la quitte pas des yeux.

J’aime pas :

Les dinos et what else ?
Soit, les deux acteurs et les dinos tirent la couverture à eux mais on aurait bien aimé que les autres persos aient un peu plus de charisme, histoire de s’attacher à eux. Le méchant est sans grand intérêt tout comme le grand frère, qui ne cesse de vouloir tromper sa copine. Copine qui pour le coup a des cornes plus longues que celle d’un tricératops en rut, tout le long du film. Attention en passant les portes, jeune fille. Ah oui, sinon Omar Sy fait trois apparitions. C’est peu mais ça reste mieux que ses 30 secondes dans le dernier X-men. #OnatuéOmar

Magie, magie, et nos idées manquent de génie ?
Certes la musique géniale de John Williams est présente quelques fois dans le film, mais je trouve qu’il manque cette magie, cette émotion qu’avait le premier Jurassic. Peut-être que nous sommes trop gavés de superproductions, il nous faut désormais un supplément d’âme pour nous émouvoir devant de tels mastodontes cinématographiques. Pourtant, c’est notamment le cas lors de l’agonie d’un sauropode. La même scène avec un tricératops, en robotronique, avait été tournée en 1993. Le même procédé a-t-il été réutilisé ici ?

Oh et puis pour chialer un bon coup, ça me donne envie de mater les aventures de Petit-Pied, Becky, Pétri, Pointu et Dent Tranchante… Vous aussi ? (oui oui ouiiii)

Cadeau :

Verdict :

Une bonne superproduction à voir en 3D s’il vous plaît. Et en VO pour s’éviter les doublages cucul la praline et les mioches flippettes qui hurlent à tout bout de champ.

Fab

Ex_machina

De rouille et d’os
Note : 8/10

Il y a des films qui sont autant matraqués que la pub si juvabien c’est juvamine. Et d’autres inconnus au bataillon, mon général, qui méritent souvent bien plus le détour. C’est le cas d’Ex machina, film d’Alex Garland, le scénariste de 28 jours plus tard. Le pitch : un jeune informaticien remporte une loterie interne. Du coup, il a le droit de passer une semaine entière à boire des coups avec son patron, dans un QG top secret, au cœur d’une magnifique forêt verdoyante. Le PDG, interprété par Oscar Isaac (une tête qui commence à être de plus en plus familière) a créé en loucedé, pépère dans sa cachette, une humanoïde à l’intelligence artificielle surdéveloppée. Mageek vous dit pourquoi Code Lisa peut aller se rhabiller…

J’aime/ J’aime pas. Mageek fait le bilan.


J’aime :

Les nouvelles tronches

J’adore Robert Downey Junior et non je n’envie pas les tablettes de Thor ou de Captain America, mais il faut dire qu’avec le contrat juteux passé entre Disney et Marvel, on en a un peu marre de voir les mêmes têtes tous les étés. Avec Ex Machina, aucun risque. Oscar Isaac que l’on a déjà aperçu en tant que chanteur looser dans Inside Lleywin Davis des frères Cohen, n’est connu que des cinéphiles bobos (l’étant moi-même de par ma carte UGC illimité). Crâne rasé et barbe de 3 mois, l’acteur américano-guatémaltèque (lettre compte double mot compte triple) crève l’écran et le cœur de ces gentes dames. Ultra canon, il parvient à nous faire rire et frémir, durant 90 minutes. Alicia Vikander joue quant à elle parfaitement la fameuse Ava. Trois lettres qui vont faire frissonner à coup sûr les poils de ces damoiseaux. Pour cette interprétation, cette jeune actrice qui possède une formation de danseuse articule parfaitement sa gestuelle semblable à celle de C3PO. Evidemment en plus fluide et plus sexy.

Le scénar’

Pour ne rien vous cacher, j’adore les huis clos. Alors lorsqu’ils sont aussi bien ficelés comme dans Ex Machina, on ne décroche pas de son siège et on garde la bouche ouverte (attention aux mouches). Peu de personnages, univers pesant et intrigant à la fois, on ne sait plus qui croire parmi tous les protagonistes. Est-ce que parfois la vérité se trouve juste sous nos yeux ? L’amour (qui n’est cette fois-ci pas dans le pré), rendrait-il aveugle ? #Onvas’aimer #souslesunlightsdestropiques

On se marre

Étrangement, on se prend à rigoler devant ce film. Il est vrai que la situation n’est pas banale entre un Robocop en jupon en train de tomber amoureux d’un rouquin fort sympathique. À moins que ce ne soit le contraire. Oscar Isaac est quant à lui à mourir de rire en PDG alcoolique à moitié déglingué par les équations à 10 000 inconnues qu’il a effectuées pour créer sa machine.

J’aime pas :

On reste sur notre « fin »

À vrai dire, ce film aurait pu devenir un chef-d’œuvre dans le genre. Mais il manque un je ne sais quoi qui fait qu’on aurait aimé un scénario différent. Peut-être que l’on devient fou également, tel Caleb devant Ava. « Je l’aime, un peu beaucoup, à la folie, ou alors pas du tout ?… ».

Verdict : Pas de doute, Ex Machina est la bonne surprise de l’été. Ce genre de film dont on s’éprend, jusqu’à philosopher dessus alors qu’on a eu 4 toute l’année en terminale à cette épreuve. Mieux vaut ça que de débattre sur la longueur des canines d’un vélociraptor, pas vrai ?

Fab

# WANTED

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Citizen Four de Laura Poitras
Note : 9/10

Edward Snowden ? Ça vous dit quelque chose ? Vous en avez forcément entendu parler. C’est ce petit gars de la NSA (agence de renseignements aux States) qui a posé ses balls sur la table et a décidé de tout divulguer dans la presse concernant les infos classées top secrètes de son employeur. Résultat : le plus grand scandale politique de ces 10 dernières années. Téléphone portable, Internet, Minitel (bon ok là je vais un peu loin)… on se doutait que l’on était espionné par les plus hautes sphères mais pas à ce point et de cette façon. La réalisatrice Laura Poitras est à ce moment-là contactée par ce geek en panique via message crypté (on se croirait pour sûr dans James Bond). Cette dernière va décider de le rejoindre à Hong Kong, lieu où il est exilé depuis qu’il est devenu l’homme le plus recherché des États-Unis. Et quand vous êtes wanted par le FBI, ce n’est jamais bon signe. Entre pressions, intimidations, et révélations, on partage son quotidien dans sa chambre d’hôtel, où le moindre coup de téléphone louche ou alarme inhabituelle dans l’immeuble nous fait sursauter. Assurément, mon coup de cœur de ce début d’année.

J’aime/ J’aime pas. Mageek fait le bilan.


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La prise de risque

Habituellement, un réalisateur en mal d’inspiration utilise un fait divers (Hostel, Massacre à la tronçonneuse et Attrape mon hémoglobine si tu peux) ou un ouvrage pour écrire le scénario de son propre film. Laura Poitras, elle, est carrément l’héroïne de son long métrage et s’est servi de son vécu. Ou plutôt se sert car Citizen Four, nom de code de Snowden, se déroule au moment même de cette affaire. On s’imagine alors à la place de la jeune femme, le visage en sueur, le cœur tambour battant derrière sa caméra, persuadé qu’un sniper vous observe ou que le téléphone de la chambre d’hôtel est sur écoute pendant votre entretien avec le geek à lunettes qui sort révélations sur révélations. Vous savez que votre vie ne sera plus comme avant et que vous serez épié jour et nuit par les services secrets. Que le mot « famille » n’existera plus pour vous mais peu importe, vous avez eu le courage de le faire. C’est vibrant, c’est fort, c’est le rêve de tout journaliste à la recherche du scoop du siècle.

Le rythme

Au-delà de ce courage incroyable, Laura Poitras a monté son film comme un polar, ce qui le rend nerveusement incroyable. Chaque mail crypté transmis entre les deux héros est reconstitué, chaque flash spécial de ce scandale des chaînes américaines est diffusé, chaque extrait de procès sur cette affaire ridiculise les personnes représentant le gouvernement ou ces agences de renseignements. L’aigle de l’Oncle Sam s’en retrouve vite déplumé, emportant avec lui, les illusions de démocratie qu’il reste dans ce bas monde. Ça fait froid dans le dos et on en redemande.

J’aime pas :

Les termes techniques

A moins d’avoir un copain geek ou d’être un super crack en informatique, il vous sera difficile de comprendre l’intégralité du scandale. Si PRISM, XKeyscore et autre Tempora ne figurent pas dans votre champ lexical, et c’est normal, ça se ressent un moment dans le film. On perd un peu le fil (d’actualité Facebook). Humour d’informaticien je précise !!!

Résumé

En bref, foncez voir Citizen Four. Vous vous sentirez l’âme d’un héros pendant 2 heures, et aurez envie, comme la réalisatrice, de lever le voile sur nombre d’affaires étranges qui nous entourent. Georges Kennedy, le 11 septembre, la mère Michelle a-t-elle vraiment perdu son chat ??? On nous aurait menti ???

http://www.legorafi.fr/2012/11/29/disparition-du-chat-de-la-mere-michel-50-ans-apres-le-gorafi-relance-lenquete/

Fab

Chappie Chapo !

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Chappie de Neill Blomkamp
Note : 6/10

Sorti le 4 mars dernier, Chappie se déroule en Afrique du Sud, dans un futur proche. Problème, la violence y est telle que les agents de police sont aidés par des policiers robots, baptisés les Scouts et conçus par Deon Wilson (Dev Patel, alias le gentil Indien dans Slumdog Millionaire). En face, Vincent Moore (Wolverine, euh pardon, Hugh Jackman) campe le méchant. Ingénieur lui aussi, il a la rage que son gros robot tout moche n’ait pas été retenu par la société, qui en construit pour l’État.

Deon qui en a marre de la violence engendrée par les Scouts, décide d’en récupérer un. Son but : lui bidouiller le cerveau pour lui faire ressentir des émotions et qu’il devienne tout mignon, « Gouzi Gouzi » style. C’est Chappie.

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Le robot

Ne vous y trompez pas, LE point fort de Chappie, … ben c’est Chappie lui-même. Il faut dire qu’après Les Nouveaux Héros de Disney, la ferraille a la cote sur les grands écrans. Ce qui fonctionne bien dans le film, c’est la façon dont Chappie s’adapte à notre monde. Alors que son créateur veut le rendre tout mignon, les racailles croisées par Chappie vont lui apprendre le comportement de base d’un gangsta de Pretoria. « Hey mother fucker », « Bitch » et autre noms d’oiseaux dans sa bouche font mouche. La salle est hilare.

Le casting

Chappie c’est avant tout un casting qui claque. Dev Patel, en ingénieur, maladroit, célibataire (il y a qu’à voir le bordel dans son appart, on dirait le mien en mieux rangé) et passionné de robot, est touchant.

Hugh Jackman n’a en revanche rien de sexy durant deux heures et arbore une coupe « Jacky queue de rat » des nineties du camping de Palavas les flots. AOUUUUUUH. C’est peut-être pour cela qu’il passe bien en méchant et qu’après le très bon Prisoners, Hugh, s’avère meilleur acteur que son homonyme british, au sourire bright, qui fait tourner la tête de Bridget Jones.

Enfin Sigourney is back. Après Alien et Avatar, Mamie Weaver envoie un high kick dans la face de ceux qui considèrent Meryl Streep comme la seule sexa sexy encore crédible au cinéma. Mention spéciale également aux deux racailles, Yolandi Visser, mélange de Lady Gaga et de Bjork et son acolyte Watkin Tudor Jones, parfait en idiot des bidonvilles.

La patte stylistique

Enfin, s’il y a une chose qu’on ne peut pas reprocher à Neill Blomkamp, 35 ans seulement au compteur, c’est l’univers qu’il parvient à créer dans ses longs métrages. Entre reportage et film d’action, Chappie fait très réaliste et détonne dans le monde aseptisé du cinéma hollywoodien. C’est l’anti-Transformers par excellence, avec de très bons effets spéciaux mais Megan Fox en moins. OOOOOOH !

J’aime pas :

Le scénario

Bon après ce concert de louanges, il est vrai que Chappie n’est pas non plus à ranger à côté des Terminator I et II de Cameron. Le scénar est très classique, voire déjà vu. On voit un peu tout venir à 50 km à la ronde. Deon Wilson c’est le gentil, Patrick Moore c’est le méchant, et il va lui faire à l’envers, ça se voit gros comme une maison. C’est mignon mais beaucoup moins prenant que District 9, le premier long métrage de Neill Blomkamp. On aurait pu rebaptiser le film « Choupie ».

Le rythme

Quand vous regardez votre montre dans une salle de cinéma, en général, ce n’est jamais très bon signe. Et là cela n’a pas loupé me concernant. Le film est très long ou mal monté (à l’inverse de Hugh malgré ses cheveux gras fiouuuu fiouuuu) et les scènes d’action décevantes. Je m’attendais à un combat épique entre l’Original (le droïde méchant) et Chappie. Attention petit SPOILER Durée de l’affrontement : 5 minutes, douche comprise.

Un bon divertissement pour un dimanche après-midi qui ne fera pas oublier les classiques du genre. Aficionados de Terminator s’abstenir.

Fab

Dracula Untold, des canines à 100 millions de dollars

Note : 3/5Dracula Untold de Gary Shore

Dracula Untold de Gary Shore (2014)

“Sometimes the word doesn’t need another hero, sometimes what it needs… is a monster”

Le propos : Au XVe siècle, à la fin de l’époque médiévale, la Transylvanie est sous le règne du Prince Vlad III qui a dû négocier la paix avec l’Empire Ottoman qui ne cesse de s’étendre.

Quand le sultan demande obligeamment un millier de jeunes recrues pour entretenir ses armées, le prince Vlad est face à une impasse. Pour s’en sortir, il part dans les montagnes et fait un pacte avec un ancien et affreux démon. Il acquiert des pouvoirs inhumains et une force colossale, avec comme malédiction d’être transformé en tueur buveur de sang. C’est sans compter la réaction de son peuple, qui prend peur et commence à se défier de lui.

Que doit-il faire ? Résister à la bête qui sommeille en lui ou se laisser emporter par l’instinct de prédateur pour sauver son peuple et sa famille?

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Avec un budget de 100 millions de dollars pour la production, Dracula Untold a tout l’air d’un blockbuster en puissance. Effets spéciaux tonitruants, scénario haletant, scènes d’action et effets de surprise à répétition, le film se paie le luxe d’une bande-son épique du compositeur de Game of Thrones (Ramin Djawadi).

Les origines du mythe de Dracula commencent avec le roman de l’écrivain irlandais Bram Stoker, publié en 1897. Après Frankenstein de Mary Shelley publié en 1818, c’est l’un des romans éponymes du genre fantastique gothique. Le XIXe siècle marque l’invention de la psychanalyse ; le roman de Bram Stoker sonde l’âme humaine en mêlant eros et thanatos, désir et mort. Dracula, c’est aussi l’expression métaphorique des dérives psychologiques de l’être humain, sombre, dangereusement proche des instincts de la bête.

Mythe donc, que le cinéma amplifie. Les films des grands réalisateurs Murnau, Coppola et consorts n’ont pas découragé pour autant les scénaristes à se pencher sur ce classique « sacré » pour en faire un gros blockbuster rutilant. Les scénaristes récupèrent certaines trames historiques comme le conflit avec Mehmet et les Ottomans ainsi que l’existence de Vlad III appelé « l’Empaleur », prince du XVe siècle (qui avait déjà inspiré Stoker) et mélangent allègrement son personnage avec celui de la fiction, le faisant devenir donc le Comte Dracula.

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C’était sans compter la difficulté d’incarner un personnage aussi connoté et archétypal sans en faire des tonnes. L’acteur britannique Luke Evans – vu dans Robin des Bois de Ridley Scott puis dans les Hobbit de Peter Jackson – n’en fait pas trop, voire pas assez, mais cela suffit puisque le scénario prend déjà suffisamment de place. Mention spéciale peut-être pour ses démonstrations d’extension de maxillaires.

Dans le roman d’origine, Dracula a déjà beaucoup de pouvoirs : il peut agir sur les éléments et son environnement, se transformer en animal, lire les pensées des autres et changer de taille. A partir de ce constat étonnant, on peut se montrer nettement plus indulgent avec le blockbuster : par exemple quand le héros se volatilise dans un nuage de chauves-souris pour secourir sa bien-aimée.

Gary Shore explique : « Nous souhaitions fouiller de nouvelles pistes qui ne soient pas conditionnées par ou asservies à la mythologie préexistante. C’est un film d’aventures. On voit Vlad prendre des décisions difficiles qui concernent sa femme et son fils. Ses actes sont la conséquence de ses choix dans des situations précises et il est motivé par la préservation de sa famille et de son peuple. »

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L’argent de la production a été bien rentabilisé : il a fallu 3 mois entiers pour préparer la scène dans laquelle Vlad se confronte à l’armée ottomane en contrôlant un « essaim » de chauves-souris.

Bande annonce officielle ici : http://www.youtube.com/watch?v=3_GXwf-S-8Q

Ce qui marche bien : les paysages et les décors qui reflètent l’univers sombre et gothique d’une possible Transylvanie (scène tournée en Irlande du Nord et retouchée en post-production avec effets spéciaux de pointe). Les expressions du dégoût du personnage principal pour lui-même quand il ressent les effets de la faim vampirique.

Ce qui ne marche pas : Le beau gosse vampire cliché. Le scénario condensé avec trop d’actions et de scènes de combat, mais aussi beaucoup d’effets de surprise qui deviennent agaçants à la longue. Passage encore trop en surface sur la psychologie et le morbide du personnage principal.

Lizu

Quand le réalisateur des « Beaux Gosses » part dans un délire ubuesque

Note : 2.5/5

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Jacky au royaume des filles de Riad Sattouf (2014)

Entre la BD et le storyboard il n’y a qu’un pas à franchir, mais passer du support papier à l’écran n’est finalement pas aussi simple. Marjane Satrapi et Joann Sfar, eux, ont su franchir le cap du papier à la caméra. Maîtres de la narration, ils ont eu l’avantage d’un regard neuf sur les plateaux de tournage. Non issus des écoles de cinéma mais ayant suivi des études d’arts (Arts-Déco et Beaux-Arts), ils ont su trouver des mécanismes inspirés pour traduire leur univers graphique au travers du film d’animation (Persépolis ; Le Chat du Rabin) jusqu’à l’intégration d’éléments en images de synthèse (Poulet aux Prunes ; Gainsbourg, vie héroïque). Pour ces auteurs-dessinateurs issus de la maison d’édition indépendante L’Association, l’adaptation cinéma procure, semble t-il, une intense jubilation : rendre encore plus vivantes leurs histoires, et faire appel à de nouveaux champs d’expérimentation et de création. Et c’est dans cet objectif que Riad Sattouf prend la caméra pour créer des univers inédits et démentiels. Avec son premier film Les Beaux gosses, inspiré de son expérience relatée dans sa trilogie BD Retour au Collège, Riad Sattouf maintient sa popularité auprès d’un public jeune et adolescent. Avec leur crétinerie niaise et dans leur réalité crue, les personnages de BD de Riad Sattouf sont plutôt attachants… ses personnages filmés le sont un peu moins.

Le propos : les habitants de Bubune vivent dans une dictature où les codes de représentation sociaux traditionnels féminin/masculin sont inversés (les hommes sont voilés et les femmes sont des militaires au pouvoir). Jacky, habitant un village-bidonville est un pauvre jeune homme insignifiant. Il rêve de se marier avec la grande Colonel et décide d’aller à la cérémonie de fiançaille pour tenter sa chance.

Bande annonce officielle ici : http://www.youtube.com/watch?v=5g3jqfArzQ4

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Derrière la caméra, Riad Sattouf maîtrise assez bien ses acteurs fétiches. En effet, Vincent Lacoste s’en sort parfaitement bien dans le rôle principal, et arrive à attirer la compassion des spectateurs sur son triste sort, comme pour le personnage Cendrillon.  Charlotte Gainsbourg, quant à elle, habite son personnage et lui donne des d’émotions là où on ne s’y attendait pas. Défi réussi donc pour le duo d’acteurs.  La déférence que le réalisateur porte aux autres acteurs secondaires (Didier Bourdon, Noémie Lovsky, Anémone…) se ressent dans leur jeu qui semble moins encadré, et du coup moins crédible…

Ce qui marche bien : reprise des clichés des films d’anticipation sur les régimes totalitaires (contrôle des denrées, milice armée, idoles). Histoire de Cendrillon respectée. Duo d’acteurs.

Ce qui ne marche pas :  acteurs secondaires qui s’amusent mais pas sérieux (film français). Contraste entre scènes brutales et ton humoristique (malaise).

Lizu