Siby Ogawa et Red Ice : le manga en duo

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On continue d’interroger les mangaka français !
Cette fois, zoom sur Siby Ogawa, qui sera aussi présente à Japan Touch. Elle et son époux Red Ice, le scénariste de leur projet commun Drielack Legend, ont bien voulu répondre à nos questions.

Mageek : Bonjour à tous les deux. Comment êtes-vous tombés dans le manga ?

Red Ice : Longue évolution qui a débuté par les deux anime de la fin des années 70, Goldorak et Albator… Puis ensuite une monumentale claque à l’adolescence lors de la première diffusion de Saint Seiya. À partir de là, j’ai commencé à m’intéresser à d’autres mangas que ceux dont les adaptations étaient diffusées sur les chaînes hertziennes. Les jeunes générations ne peuvent pas comprendre ce que cela impliquait à l’époque car à part Akira, nous n’avions rien. Il fallait lire nos mangas en japonais, parfois en trouvant une traduction au format Word sur un Internet balbutiant… C’était une véritable chasse au trésor. Puis l’apogée du manga m’a permis de vivre cette passion plus sereinement. Dès lors, j’ai fait de nombreuses conventions en m’investissant dans des fanzines ou des associations pour la promotion d’artistes aimant la culture manga.

Siby Ogawa : J’ai suivi le même cheminement que Red Ice, je regardais les séries animées de Youpi l’école est fini, Club Dorothée, Minikeums… Je dessinais les héros pour mes camarades de classe. Enfant, je voulais aussi créer mon propre dessin animé, puis j’ai vu une émission sur les différentes étapes de la production d’un anime, impliquant toute une équipe… Je me suis tournée vers la B.D. car je me suis dit qu’avec ce format, je saurais faire l’histoire toute seule.

Quelles sont vos influences ?

Red Ice : Mes influences en tant que scénariste sont diverses… Les romans de Tolkien ou R.A Salvatore, des séries télé comme Game of Thrones, Stargate SG-01, des dessins animés comme Saint SeiyaLes Mystérieuses Cités d’or et j’en passe, des films comme Star Wars ou JFK.

Siby Ogawa : Je suis une grande fan des adaptations de romans par la Nippon Animation (Princesse Sarah, Flo et les Robinson suisses, Pollyanna…) et j’ai une tendresse particulière pour tout ce qui concerne les contes et les mythologies du monde. Les séries de magical girls aussi me plaisent énormément, surtout quand c’est designé par Akemi Takada. Mais j’adore aussi les œuvres de Mitsuru Adachi (Touch, Une vie nouvelle) et Tsukasa Hôjô (City Hunter, Cat’s eyes).

Que pensez-vous de la « scène » manga française ?

Red Ice : Ma foi, je dirais que les fans de manga ne donnent pas assez leur chance au produit français et nous reprochent souvent des défauts qu’ils tolèrent dans les mangas japonais… Ils sont plus exigeants envers le manga français qu’ils ne le sont envers le manga japonais tout en refusant de comprendre les difficultés éditoriales occidentales. Parfois c’est décourageant.

Siby Ogawa : Je suis contente que le manga français prenne de l’essor aujourd’hui, mais j’ai l’impression que mon style ne plaît pas assez à la jeune génération. J’avais été assez découragée quand les lecteurs de manga au début des années 2000 disaient que les français n’arriveraient jamais à faire comme les mangaka japonais. Et je suis encore plus tombée des nues quand il y a eu un engouement pour les manhua et manhwa qui n’étaient pourtant pas plus aboutis que certaines créations françaises d’influence manga.

Quel est votre parcours artistique ?

Red Ice : On ne peut pas vraiment dire que j’ai un parcours artistique. À la base, je suis plutôt scientifique et je travaille dans la santé publique. J’ai écrit quelques scénarii de jeux de rôle, quelques fanfictions, rien de plus.

Siby Ogawa : Pour tout ce qui touche au dessin, je suis autodidacte. Les écoles privées étaient trop chères et les Beaux-Arts m’ont refusée. Mais j’ai évolué au sein d’associations de fans de manga à partir de l’université et en faisant du fanzinat. C’est ainsi que j’ai développé mon style. Et en parallèle j’ai réalisé des portraits manga dès 2000, en faisant du semi-réalisme à la Tsukasa Hôjô.

Comment est né Drielack Legend ?

Red Ice : Lors de parties de jeu de rôle, il y a plus de vingt ans, avec des amis… L’antagonisme de mon personnage d’elfe assassin et celui d’une prêtresse incarnée par MJMahyar ont fait germer en moi l’idée d’une histoire plus complexe autour de ces deux personnages. L’histoire a mûri en même temps que je rencontrais ma futur épouse dessinatrice. Nous avons ensuite décidé de nous lancer dans une aventure de création de couple.

Comment avez-vous concrétisé ce projet avec les éditions Yüreka ?

Red Ice : Nous avons commencé à poster sur un site de partage de mangas en ligne. C’est Yüreka qui nous a contactés pour nous proposer de nous éditer.

Comment est-ce que vous travaillez tous les deux ? Est-ce que vous modifiez l’histoire/les dessins après concertation, parfois ?  

Red Ice : J’écris l’histoire et les dialogues. Mon épouse fait le découpage et la mise en scène par rapport à mes descriptions… Il est assez rare que l’on modifie l’histoire mais parfois Siby me fait remarquer des impossibilités ou improbabilités et de mon côté parfois je lui demande de changer quelques dessins car cela ne correspond pas assez à ma vision. Souvent, c’est un manque de précision dans mes descriptions, il est difficile de décrire parfaitement une scène visualisée et peu probable qu’un lecteur l’imagine de façon parfaitement identique… Tout est dans le compromis.

Siby Ogawa : Depuis le tome 2, nous avons fait appel à Neoyaya pour dessiner les décors, car j’ai toujours un peu de mal avec la perspective et les détails, vu que je préfère souvent le minimalisme, ce qui ne correspond pas du tout à l’ambiance de Drielack Legend. Donc, quand je prends le script de Red Ice, je fais des story-boards et j’indique à Neoyaya toutes les cases où il y a des décors à faire. Ainsi, je n’ai plus qu’à poser les personnages dessus avec quelques ajustements. Bien sûr, des fois, je n’ai pas d’inspiration au moment du story-board et donc, je dessine en roue libre instinctivement avec le stress de ne pas avoir assez de temps.

Quels sont vos projets à venir ?

Red Ice : Pour ma part, je n’en ai pas vraiment… Une idée de nekketsu dans un monde far-west mais qui n’aboutira jamais.

Siby Ogawa : J’aimerais peut-être revenir sur mes anciens projets de manga plus shôjo. Mais en attendant que Drielack Legend finisse, je vais développer un peu plus mes vidéos de correction de dessins ou de speed painting sur ma chaîne YouTube.

Pour suivre Siby Ogawa :
http://www.siby-ogawa.fr
www.facebook.com/Siby.Ogawa/

Propos recueillis par Célia.

Une mangaka française : Nobuko Yann

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Nous sommes parties à la rencontre d’une mangaka de chez nous !
L’occasion peut-être, pour vous, de découvrir son parcours et son univers avant de la rencontrer à Japan Touch le week-end prochain, sur le stand des éditions Yüreka. Elle y présentera Daichi no Akane, son shôjo sportif.

 

Mageek : Bonjour, Nobuko ! Comment es-tu tombée dans le manga ?

Nobuko : Je fais partie de la génération Club Dorothée et c’est donc tout naturellement que je suis tombée amoureuse de la japanim’ et du manga, pendant l’enfance.

Quelles sont tes influences ? 

Au départ, j’ai été très influencée par Akira Toriyama (Dragon ball) et divers shônen. En grandissant et en découvrant d’autres genres, Masakazu Katsura (Video Girl Ai) ou Yuu Watase (Fushigi Yugi) m’ont également beaucoup inspirée. Plus récemment, je citerais Naruto et Kuroko’s basket.

Que penses-tu de la « scène » manga française ?

Je trouve ça génial ! Ça donne une nouvelle dimension au manga. Ça prouve aussi que même si cette forme de B.D. ne vient pas de chez nous, on peut la reprendre à notre manière. Pour le moment, je suis un très mauvais exemple du manga français parce que toutes mes histoires se passent au Japon mais les projets à venir changeront la donne…

Par contre, c’est dommage que le manga français ne soit pas plus populaire auprès des lecteurs. Les gens ont souvent peur de l’inconnu et la plupart du temps, quand une grosse maison d’édition lance une grosse production, c’est du manga japonais. Donc, difficile de faire changer les mœurs. 

Quel est ton parcours artistique ?

Je n’en ai pas. Je suis autodidacte depuis toute petite. J’ai commencé, à six ans, par recopier tout ce que je voyais à la télé et au fur et à mesure, avec le temps, j’ai développé mon propre style.

Comment est né Daichi no Akane

D’une anecdote ! En pratiquant deux sports (le volley et le basket), je me suis retrouvée au beau milieu d’un conflit où deux personnes défendaient chacune celui qui avait leur préférence.
C’était presque drôle. J’aime ces deux sports et j’ai voulu, à travers ce manga, en finir avec ce conflit en développant le lien d’amitié qui unit les deux protagonistes. Et puis parler de compétition mais avec une petite touche romantique pour pimenter le tout. Sinon, ce ne serait pas un shôjo ! (rires)

 

 

Et donc, comment as-tu concrétisé ce projet avec les éditions Yüreka ?

J’ai découvert Yüreka sur une plate-forme gratuite de lecture de mangas où je publiais des planches. Ils recherchaient un mangaka « shôjiste » et je les ai contactés pour leur présenter Daichi no Akane. Le projet les a emballés et c’est ainsi que nous avons démarré l’aventure !

Comment est-ce que tu travailles, de manière générale ?  

Premièrement, j’écris le scénario que je découpe en tomes. Chaque tome contient des chapitres avec une certaine ligne directrice.
Puis, je rajoute sur les planches des idées ou des situations qui me viennent à l’esprit pour telle ou telle scène. Je brode avec de l’humour (ou pas) tout en veillant à ne pas m’éloigner de l’idée de départ.

Enfin, quels sont tes projets en cours/à venir ?

J’ai déjà plusieurs projets en cours :

  • HG-DNA-46 XY (shônen) : deux tomes sont déjà en vente (le tome 3 est en cours).
  • 365 jours, pour te rendre heureux (yaoi) : one-shot déjà en vente également.
  • 365 jours, Masato No Mikuni-kun (yaoi) : un tome (en cours).
Et quelques projets à venir :
  • Tomoe Gozen, femme samourai (one-shot historique).
  • Nous sommes pompiers (one-shot).
  • Recto/Verso (one-shot).
  • Airsoft (série shônen en collaboration avec un scénariste).

Pour suivre Nobuko : 
@Nobukomangas
nobukomangas.wordpress.com

Propos recueillis par Célia.